Benoîte Groult Journal d'Irlande
Notre magnifique port de pêche de Doëlan a accueilli tous les ans pendant près de 40 ans l'écrivaine Benoîte Groult et son mari Paul Guimard. Ils avaient élu domicile rive droite dans cette maison au bord de l'eau sans doute la plus photographiée par tous les passants arrivant dans le port, où ils aimaient le calme, l'air breton et surtout la vue si belle.
Pourtant une passion les animait et chaque été ils partaient en Irlande où en 1979, ils avaient construit une petite maison au bord de l'eau, dans une baie abritée, avec leur bateau en bas du terrain .
Benoîte débute alors un Journal où elle relate les aventures de ces étés-là consacrés essentiellement à la pêche. Cette passion est une véritable rage qui la dévore tous les matins, malgré une météo très changeante, difficile et parfois dangereuse. C'est elle le vrai marin qui ne songe tous les jours qu'à aller relever ses casiers, ou partir pour une pêche à pied. La nature le lui rend bien et ils dégustent tout l'été, bouquets, crevettes, pétoncles, bigorneaux, palourdes, mais aussi force homards. Ils reçoivent amis, politiques, écrivains dans leur modeste maison et bien sûr les filles qui doivent se plier aux règles de la pêche. Les étés se déroulent aussi avec quelques aménagements de couple particuliers et intimes qui nous font retrouver l'écrivaine féministe mais aussi fleur bleue, la femme libre mais aussi lucide, qui souffre et jouit à la fois de ces instants de vie si sauvages et tellement riches.
Ce journal est une leçon d'un certain courage insoupçonné d'une femme écrivain, parisienne, reconnue, dont nous connaissions déjà l'amour pour la mer, mais qui nous démontre là pendant 37 ans que les embruns, les coups de vent, l'humidité, le « drizzle » et le froid ne détrônent pas cette passion pour la pêche.
Voici une façon de faire connaissance avec le côté sauvage de Benoîte Groult si on n'a pas lu ses essais féministes , ses écrits communs avec sa sœur Flora ou ses derniers ouvrages évoquant la vieillesse. Il y a finalement dans ce « Journal d'Irlande » un peu de tout cela. Puis elle aimait retrouver ensuite la douceur de Doëlan.
« Doëlan, c'est mon cœur et l'Irlande, mon rêve. »
Isabelle Michaud
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