Véronique Galliot, Cloharsienne, réagit aux propos du maire et de son adjointe à l'économie (Ouest France du 5 janvier), dans une lettre ouverte, au sujet de l'ancienne usine capitaine Cook. Elle y pointe le manque de présentation au public du « volet du financement, et du portage détaillé par l'EPF (établissement public foncier) ».
« J'apprends, écrit-elle, qu'un prolongement du portage est possible en cas d'absence d'investisseur : à quelles conditions ? Pour quelle durée ? Les habitants n'ont pas la visibilité sur l'intégralité du projet auquel ils sont pourtant associés depuis le 13 décembre 2012 ». Elle pose la question du risque financier, économique du projet, et politique, en cas de changement de majorité à la mairie ou au conseil régional.
Elle poursuit, évoquant la préemption: « Dans le cas de l'ex-usine Cook, il s'agit d'une acquisition suite à la négociation de l'usine, signée le 13 décembre dernier par l'EPF, qui devient propriétaire pour le compte de la mairie. Pour qu'un investisseur puisse être séduit par le site, il est impératif, comme l'a souligné Jacques Juloux, en conseil municipal, que la maison située au centre du terrain, fasse partie du projet. Il y aurait préemption en cas de vente de ce bien. En l'absence de négociation et de préemption, il ne reste que l'expropriation, possible uniquement pour un projet d'intérêt général"
Et de demander : « Quel est le projet d'intérêt général qui autoriserait à lancer une expropriation sur cette maison privée ? Aujourd'hui, le maire propose un projet exclusivement privé pour lequel il est inexact de dire qu'il peut préempter ou exproprier ».
2/ Le Maire Jacques Juloux et sa première adjointe chargée de l'économie, Anne Maréchal, répondent à la lettre de Véronique Gaillot
« Contrairement à ce qu'écrit Véronique Gaillot, le projet de reconversion a été présenté et largement débattu (réunion publique le 5 avril 2012 et conseil municipal le 27 juin). Un dossier spécial a été publié dans le journal municipal n° 16 du printemps 2012 et le projet est en ligne sur le site Internet. Population et élus ont toujours été informés au fur et à mesure de l'avancée de ce dossier.
De plus, il est courant que des collectivités préemptent des biens qu'elles revendent ensuite pour des activités économiques. C'est encadré par la loi et c'est un des objectifs de l'établissement public foncier (EPF), organisme d'État, que de faciliter de telles interventions. Si le site de Doëlan n'était pas reconverti dans 5 ans, ce qui serait étonnant, l'EPF prolongerait son portage financier : il n'y a donc aucun risque financier.
Les élus de la majorité soutenus par le groupe Clohars pour tous, de Joël Chenot, ont mis en place une démarche volontariste et ambitieuse pour donner une nouvelle vie économique au site. Vouloir transformer ce succès en problème n'a aucun sens, sauf à avoir d'autres intentions : Véronique Gaillot se présente comme une citoyenne sans esprit partisan mais constitue actuellement une liste pour l'élection municipale avec des membres de l'opposition [...] »
3/ La réaction de René Le Floc’h, ancien maire de Clohars-Carnoët
Maire de 2001 à 2008, René Le Floc'h réagit aux propos de l'actuel maire, Jacques Juloux, concernant l'usine Capitaine Cook (Ouest-France du 28 décembre).
« En 2001, j'ai demandé au groupe Intermarché ses intentions concernant l'usine de Doëlan. Les responsables immobiliers du groupe m'ont répondu qu'ils envisageaient la construction d'un centre de vacances pour le personnel. Plus tard, le groupe m'a informé que ce projet était abandonné et que le site serait mis en vente pour investir dans l'agrandissement de l'usine de Keranna avec création d'emplois ».
Et d'ajouter : « Un groupe immobilier international s'est déclaré intéressé compte tenu de la beauté du site. Après étude, ce groupe m'a indiqué qu'il renonçait en raison de l'enclavement du lieu. L'équipe municipale a recherché des investisseurs dans le domaine de la restauration de standing et l'hôtellerie, mais tous les contacts ont reculé devant les risques financiers encourus. Un important groupe de bâtiment et travaux publics (BTP) a proposé d'investir dans une résidence hôtelière. Ce n'était pas le projet des élus mais faute de grives... Les négociations ont abouti, mais le permis de construire n'a pas été déposé avant les élections de 2008.
Il est inexact de dire qu'il n'y a pas eu d'information de la population. La lettre du maire aux Cloharsiennes et Cloharsiens a nettement indiqué à l'époque que la municipalité ne voulait pas mettre d'argent public dans un projet privé. Tous les conseillers ont été régulièrement informés de l'état d'avancement du dossier et une visite a été organisée à Fouesnant sur une réalisation du groupe. Enfin il n'y a jamais eu de conseil municipal à huis clos. »
4/ Signature, par Intermarché, de la vente du site (20 décembre, Le Télégramme)
Depuis 15 ans que cette friche industrielle encombrait le paysage et plus de 3 ans (septembre2009) que la municipalité avait fait jouer son droit de préemption pour faire obstacle au projet du groupe Eiffage de la transformer en résidence hôtelière, Jacques Juloux devait commencer à se demander s'il en verrait un jour le bout. «Le projet de résidence hôtelière, qui ne créait surtout aucun emploi, ne correspondait pas du tout à nos objectifs pour la reconversion du site», rappelle le maire.
«Depuis, un dialogue long et difficile s'était engagé avec Intermarché, propriétaire du site». Elle a abouti en cette fin d'année 2012. «Nous avons trouvé un compromis, par l'intermédiaire de l'Établissement public foncier de Bretagne (EPF) qui a mené la négociation». 970.000 €, c'est le prix d'acquisition de l'ensemble. La commune bénéficie, pour cela, d'un prêt gratuit sur 5 ans, consenti par l'EPF, le temps de revendre et d'aboutir au projet économique défini pour la reconversion du site. «Un délai qui pourra d'ailleurs être prolongé».
Car tout n'est pas encore réglé. En effet, si Intermarché a fini par se laisser convaincre, ce n'est pas encore le cas de M. Larzul, propriétaire d'une maison au milieu du site et toujours pas vendeur. Un obstacle qui a découragé un potentiel investisseur. «Il était prêt à se lancer dans le projet d'hôtel, adossé à un restaurateur. Mais ça aurait dû se faire en 2013. Comme tout n'est pas réglé, il s'est rétracté». 970.000 €, la dépense peut paraître élevée par rapport aux estimations faites il y a 3 ans.
«En 2009, France domaines avait en effet estimé la valeur de la friche à 330.000 € et nous en proposions alors 363.000. Mais cela ne tenait pas compte des travaux de démolition et de dépollution, dont le devis s'élevait à 390.000 €. Intermarché dit que ça lui a coûté plus cher (le chantier est en cours d'achèvement NDLR). À l'heure actuelle, l'estimation de France domaines était de 905.000 €. Mais Intermarché en voulait plus d'un million et nous avons également conservé la maison Bertel, qui était évaluée à part». Il reste donc à l'EPF à trouver un compromis avec le dernier propriétaire pour que la voie s'ouvre totalement à la réalisation, selon les voeux de la mairie, d'un hôtel 3 étoiles de 35 à 50 chambres, d'un restaurant de 80 à 110 couverts et d'un secteur d'activités tertiaires, si possible axées sur le maritime, pouvant présenter un potentiel total de 30 à 60 emplois.
Le temps est peut être venu pour l'association DCE de faire connaître son point de vue (celui de ses 200 adhérents) et de faire des propositions pour le devenir de l'usine Capitaine Cook... à suivre
commenter cet article …