En 1880, la France est le premier, et le seul, pays producteur au monde de conserves de sardines et de thons à l’huile distribuées sur la planète entière. 160 usines échelonnées de Trébeurden au bassin d’Arcachon préparent les poissons bleus, débarqués par 15 000 à 20 000 pêcheurs et travaillés par autant d’ouvrières. Ces femmes travaillent dans des conditions très difficiles, dans le vent et le froid l’hiver, dans des fours l’été ; tous les jours où le poisson arrive et parfois 16 heures d’affilée pour que la précieuse sardine ne s’abîme pas. Les salaires versés sont les plus bas que toute la classe ouvrière perçoit alors en France. Et pourtant les mouvements de revendications des « filles de friteries » sont très rares et jamais organisés. Alors que le premier syndicat composé uniquement d’ouvrières est créé en 1874, pour assister aux premières associations syndicales féminines dans les conserveries de poisson, il faut attendre 1905 où, dans les deux plus grandes cités sardinières du pays, Douarnenez et Concarneau, s’ébauche une organisation structurée pour la défense de leurs intérêts, mais organisation éphémère dans un monde où le syndicalisme reste le privilège des hommes.
A Doëlan les conserveries Larzul et Peyron, présentes depuis la deuxième moitié du 19ème siècle emploieront plusieurs cetaines d'ouvrières jusque dans les années 1960. Les usines étaient alimentées en poisson par plus de 30 sardiniers basés à Doëlan, avec leurs 300 marins.